Débat budget: Discours intégral d'Eliane TILLIEUX
22/02/2013 10:00
Intervention conseil communal budget
A placer au choix :
Ce budget 2013, c’est du « Tout au centre et tout à l’égoût ? »
Un budget 2013 qui raconte la chute du Grand Manège des promesses jusqu’au curage des égoûts…
Un budget qui va faire avaler des avaloirs au Namurois…et qui ne garantit aucun avenir à valoir…
La Ville en difficulté : les ambitions ont du plomb dans l’aile…
Monsieur le Bourmestre en charge des finances, …
Mesdames, Messieurs,
L’adoption d’un budget et la visibilité des priorités qu’il trace constituent des moments forts de la vie des exécutifs. C’est aussi l’occasion d’un débat démocratique, et de la confrontation à la réalité des moyens disponibles.
On peut déjà souligner à ce propos l’écart qui nous paraît important entre l’ambition affichée dans les grandes déclarations et la réduction de la voilure dès ce premier exercice de dur affrontement, pour Namur et sa population, avec les chiffres.
Bien sûr, comme vous n’avez pas manqué de le faire, nous pouvons regretter ensemble, M. le Bourgmestre, un certain nombre de phénomènes qui affectent Namur. J’en citerai trois, majeurs :
- 1. la reconnaissance de Namur, par les autres entités, de son statut de capitale n’est pas encore complète en traduction de moyens pour honorer les charges de ce rang. Nous y travaillons de concert, là où nous sommes respectivement ; il nous faudra continuer de mener ce combat commun, valable d’ailleurs pour toutes les forces vives du Namurois ;
- 2. le report de charges émanant du gouvernement fédéral depuis un certain nombre d’années est réel (réforme des services de secours, perception tardive de l’impôt, j’en passe et des meilleures) ; vous le savez, le Gouvernement wallon en est conscient et agit pour les communes, Paul Furlan l’a encore rappelé au Salon des mandataires et le bourgmestre de Marche qu’on ne peut pas soupçonner de flagornerie, l’en a vivement remercié. Sans la Région wallonne et les nombreux mécanismes de soutien, d’aide, d’accélération des procédures, du principe du droit de tirage, les Pouvoirs locaux auraient encore bien plus de mal à assumer leurs missions. Il faut même rappeler ici que dans le cas particulier de Namur, sans la Région wallonne, il n’y aurait même pas ce fonds de réserve dans lequel vous puisez chaque année pour arriver péniblement à l’équilibre. On peut s’inquiéter que ce fonds soit en train de fondre, puisque des 23 millions d’origine en 2008, il n’en reste plus que 11 (la moitié en quatre ou cinq exercices !) - je suis sûre que c’est cela, entre autres, qui vous conduit à la prudence…
- 3. je ne peux manquer de regretter encore les conséquences du frein mis à la politique urbanistique sous la précédente législature, que vous allez tenter de relancer, mais qui, Bernard Anselme l’a démontré ici notamment lors du débat sur le schéma de structure, a pour conséquence irrémédiable de faire perdre, structurellement 3 millions d’euros annuels à la Ville.
Cela, M.le Bourgmestre en charge des Finances, nous le savons, ce sont des choses anciennes et connues, vous en faites d’ailleurs une ritournelle – une ritournelle qui, hélas, ne fait pas le printemps des Namurois.
Ces facteurs connus ne vous ont pas retenu – c’est qu’il fallait convaincre, n’est-ce pas – de multiplier les promesses en campagne et de dérouler un vaste catalogue de projets dans la DPC. Le Groupe PS a d’emblée sonné l’alarme. Comment financer ? Comment planifier cette ambition ?
Nous sommles toujours sans réponse, ou plutôt nous en avons une première à travers ce budget : vous n’avez pas les moyens de cette ambition. Vous n’avez pas les moyens de mener tous les projets que vous appelez structurants de manière simultanée, crédible et dans un délai raisonnable. Ce budget le dit !
Nous continuons de penser qu’il faut sérier les projets, j’y reviendrai.
Nous ne sommes donc pas rassurés sur la capacité de concrétiser les espoirs que vous fait naître par l’affichage de votre ambition.
Faire de Namur une vraie capitale, c’est en faire une ville où les aspirations et les besoins des habitants du centre et de la périphérie trouvent des réponses équilibrées et adaptées : sécurité, propreté, logement, emploi, pouvoir d’achat, état de la voirie, vitalité du commerce, harmonie du cadre de vie, voilà, vous devriez le savoir, les priorités des Namurois.
Or votre gestion budgétaire risque, obnubilée par vos grands projets d’infrastructure, - enfin, en 2013, il ne s’agira que d’études, d’honoraires, d’experts comme d’habitude – de ne pas répondre à ces attentes. Voyons plutôt : doubler la taxe sur les égoûts, réduire le budget d’investissement pour la voirie, ou encore manquer des opportunités, - comme par exemple celle de profiter du dividende de cession d’activités de cablodistribution d’Inatel pour financer une société d’investissement en faveur des énergies renouvelables, est-ce la formule attendue pour Namur ?
Je voudrais que nous vous rassuriez aussi sur la concrétisation de vos beaux propos de début d’année, prônant, par exemple, une « approche équitable entre toutes les entités ». Ce budget ne traduit-il pas, au contraire une vision du « Tout au Centre » (c’est là qu’on investit et c’est partout qu’on taxe) je dirais même, au centre-droit ? Est-cela qui va combler nos citoyens ? Nous ne le pensons pas.
Est-ce d’accumuler, comme mon collègue et ami José Damilot va le démontrer dans un instant en détail, des débudgétisations par-ci, des balances subtiles par-là, des augmentations de taxes par ici, des fausses économies par là ? Oui, ce sont de fausses économies, celles qui générent des dépenses ultérieures ou de la sous-traitance. Je pense par exemple ici encore à la réduction des dépenses de voirie – ai-je bien vu ??- ou à celle des budgets de formation du personnel, à un moment où vous réduisez les effectifs et où pourtant la demande de services de qualité et personnalisés ne s’est jamais faite aussi forte ? Ce sont aussi de fausses économies, quand vous affirmez réduire les frais de fonctionnement vous les transformez en dépenses de transfert – comme pour la Citadelle.
Pour nous, Groupe socialiste, pour que Namur se développe réellement au bénéfice de tous, pour favoriser l’emploi, le commerce, la participation, il faudra autre chose que des opérations marketing et des dépliants publicitaires, il nous faut la garantie de l’équité et de l’équilibre, la garantie que l’ambition, c’est d’abord de servir le citoyen namurois au jour le jour, dans ses préoccupations quotidiennes.
Et là, Je vous le disais, c’est décevant. Mon ami et collègue José Damilot va détailler notre critique du budget ordinaire, je reviendrai pour ma part juste après sur le budget extraordinaire, et l’un ou l’autre conseiller complètera notre propos de ce soir sur l’un ou l’autre point particulier qui a retenu notre attention.
INTERVENTION DE JD.
Reprise.
Mesdames, Messieurs, quant au budget extraordinaire, je formulerai, en dehors de la problématqiue des projets dits structurants, trois grandes critiques : le désinvestissement en voiries, la hausse fiscale et l’écart entre l’ambition affichée dans vos annonces et ce que traduit concrètement ce premier budget de législature.
1. la diminution de l’attention portée aux voiries, tout d’abord, et à travers deux séries de chiffres : 1. ceux des investissements, on passe de 11, 6 millions en 2010 à 8,7 en 2011, 5,7 en 2012 et 4 pour 2013 !!! le constat est plus limpide que l’eau qui s’en va dans les égoûts : on n’investit plus dans une des premières préoccupations de l’habitant: l’état des rues et des trottoirs ! quelles chutes ! Elle suit une courbe identique pour la proportion de la voirie dans l’utilisation de la capacité d’emprunt : de 35% en 2010 à 25 en 2011, 17 en 2012 et à peine 12% dans le budget 2013 du total des emprunts programmés ! Est-il traduction plus claire pour tous que la voirie devient une voie de garage !
2ème critique : cette hausse fiscale ; nous sommes inquiets que vous empruntiez – eh oui – cette voie-là : en 2013 vous doublez la taxe sur les égoûts, que ferez-vous en 2014 et surtout en 2015, après les élections régionales ? Pouvez-vous nous rassurer et nous garantir que vous ne toucherez pas à l’impôt ?
3ème critique : vous affichez un budget responsable et prudent ; comme responsable politique et comme Ministre d’un Gouvernement qui doit aussi faire des économies, tout en soutenant la dynamique de développement de la Wallonie, je ne peux que vous en féliciter – tout en m’interrogeant sur le fait de savoir si vous vous êtes appuyé, sur cette épure, d’une analyse financière régionale, je pense notamment à la trajectoire vers l’équilibre (car 400.000 euros de déficit en 2015, ce n’est pas encore tout à fait l’équilibre, n’est-ce pas ?!) et à l’analyse du CRAC à ce sujet ? Avez-vous fondé vos travaux sur un document de cette pertinence ?
Mais surtout, alors, pourquoi tant de promesses antérieures? Pourquoi tant de projets que vous appelez structurants ? Pourquoi susciter tant d’espoir si c’est pour décevoir ou rejeter sempiternellement la faute sur d’autres niveaux de pouvoir? Pourquoi aussi peu de budget d’investissement et une telle proportion pour les honoraires et études (90% du budget 2013!!!). Même si je sais, bien sûr que, chronologiquement, il en faut. Mais le Groupe socialiste garde – excusez-moi, vous y étiez, M.le Bourgmestre – un souvenir amer de l’accumulation des études de la précédente législature pour des projets qui n’ont toujours pas abouti ou qui ont pris un retard dommageable, des Bateliers au Caméo en passant par la passerelle sur la Meuse. Alors, le téléphérique, on n’est pas encore dans la cabine…
… Je ne voudrais pas que ce type de mauvais scénario où on passe sa vie et où on dépense ses sous à financer des études revienne sur nos écrans…
Au lieu de 5 projets, donc, pour y revenir, un seul prioritaire , pour nous, Socialistes, : l’aménagement du Grognon et de la Citadelle, vu comme un tout, à la fois projet touristique, commercial, mais aussi réellement citoyen, un projet qui permette une appropriation par la plus large population, et qui ne pompera pas – eh oui, avec votre budget, nous sommes dans la métaphore hydraulique – toutes les réserves ni financières, ni de capacité à investir au-delà du Centre ville, et un peu à gauche du cendre-droit que ce budget incarne !
Et donc, pour nous, Socialistes, la vraie ambition, ce serait d’agir au bénéfice de tous, non seulement bien sûr des touristes ou des investisseurs, mais tout aussi bien du commerce local et de tous les habitants de notre Ville et de nos Villages. J’aurais voulu tout simplement voir plus de traces de ces équilibres dans votre budget …
Cet espoir-là, je l’ai encore, j’espère que vous serez à l’écoute de cette attente, parce que l’écoute est le début de la sagesse....